Jordi Barre, le chanteur emblématique du Roussillon s'est éteint chez lui cette nuit . Il avait 90 ans.
Monté très jeune sur les planches, Jordi Barre chante dans les bals de village de la plaine du Roussillon puis sera tour à tour marin, typographe, chef d'atelier. Au milieu des années 1960, il rencontre le poète Estève Albert, qui l’encourage à se consacrer exclusivement à la chanson.
En 1974, il part vivre à Barcelone où il fait la connaissance des grandes figures de la Nova Cançó, courant musical proche des milieux autonomistes de la fin de l’ère franquiste. Se tenant toujours à l’écart des mouvements politiques, Jordi Barre milite par le chant pour une reconnaissance de la culture et surtout de la langue catalane et devient rapidement une institution pour le public de Catalogne du Nord.
En 1983, il se produit à l’Olympia de Paris. Sa notoriété ne cesse de grandir, sa voix rocailleuse et profonde, son timbre grave « où courent l'eau fraîche des torrents, la rocaille des collines, le bleu de la mer et la folie de la tramontane » (Jean-Michel Collet), sa tenue de scène imposante et son charisme font de ses concerts de grands moments d’émotion et d’intensité à l’égal d’un Paco Ibanez ou de Silvio Rodriguez. Dans une de ses chansons, il évoque les cloches catalanes : A tot moment toquen hores.
Il chante dans toute la France mais aussi en Espagne, au Portugal, en Angleterre et jusqu’au Japon. En 1992, il reçoit des mains de Jordi Pujol la Creu de Sant Jordi, plus haute distinction accordée par la Généralité de Catalogne.
En 2009, âgé de 89 ans, il enregistre un duo en catalan avec l’un de ses plus fervents admirateurs, le chanteur Cali, ainsi qu’une chanson avec le chanteur et comédien Tchéky Karyo.
Une chapelle ardente sera à la disposition du public demain au Campo Santo Les obsèques de celui qui consacra sa vie à la langue et à la culture catalane seront célébrées samedi matin en la cathédrale St Jean de Perpignan.